Attention, certaines photos sont un peu...non, vous verrez !!
Donc, je disais, jetés dans le bus....Arrivée à plus de 4000m à Posoti, « Potojsi » qui en
quechua signifie « tonnerre ». Direction le
centre-ville (en bus collectif, donc 40 min au lieu de 10
min en taxi).
L’objectif de cette étape est de visiter les très célèbres mines
d’argent du Cerro Rico encore en activité.
On a trouvé un nouveau boulot ! |
Mais faisons place
à l’histoire : en 1544, un Inca fit un feu qui aurait révélé les
précieux minerais (la terre a fondu blablabla je passe les légendes à deux balles). Ni une ni deux, les colons espagnols s’approprièrent le site
et l’exploitation à grande échelle commença : des milliers d’esclaves
Indiens puis Africains furent amenés à creuser. Pour augmenter la productivité
le roi instaure la loi de Mita qui les oblige à demeurer sous terre durant 4
mois, mangeant et dormant dans les mines. Comme on peut l’imaginer, ça ferait environs 8 millions
d’esclaves qui périrent en 3 siècles dans des conditions
atroces. Puis l’épuisement de la mine et
les guerres d’indépendances ont tout stoppé.
Le cerro Rico comptant plus de 180 mines |
Au jour
d’aujourd’hui : ben, les conditions de travail ne sont pas
vraiment différentes. Le travail est
effectué avec des outils de base tels que la pioche, la dynamite et les
chariots. Les équipes ont droit à 1h de marteau piqueur par jour (chaque
seconde compte) et les températures varient de -10 à 45° selon les niveaux…
sans parler du fait que les mineurs respirent pendant des tours de 48h des
produits chimiques, des gaz nocifs et meurent de silicose après 10 à 15 ans de
travail dans la mine. Des enfants de 8
ans aux « vieillards » de 45 ans,
tout le monde se tuent à petit feu, chaque jour.
L’exploitation de la mine n’est pas réalisée par des
entreprises privées mais par des coopératives de mineurs. Ils sont regroupés à
environ une vingtaine dans chaque coopérative. Il y a un chef qui a payé le
gouvernement pour acheter le droit d’exploiter une partie de la montagne. Les
mineurs qui bossent pour lui doivent lui reverser un pourcentage de ce qu’ils
gagnent puis vendre le reste.
C’est en connaissance de cause et après avoir signé une
décharge en cas d’accident (ce qui nous mets sérieusement le doute sur la "safety" du truc) que nous nous engageons pour le tour.
Nous apprenons le matin que 4 fois par an, les mineurs se prennent un jour de libre et consacrent la
journée à sacrifier des lamas afin d’obtenir la bienveillance et la protection
de la Pachamama (Terre Mère) et à se bourrer la gueule, globalement, pour faire court. C’est pour notre poire…
on est un peu déçu car du coup c’est une mine vide qu’on va visiter, mais
on est également conscients qu’on va assister à quelque chose d’assez spécial. Nos
guides sont des anciens mineurs reconvertis.
Notre programme de
la journée :
- Petit dej de compet’ à 7h30
- 7h35 on apprend que ya pas de mineur dans la mine ce jour là
- 8h départ pour le marché des mineurs, on prend notre premier petit verre d’alcool : le CEIBO, alcool à bruler mais potable à 96°. On leur achète des feuilles de coca, de la dynamite, de l’alcool à profusion…
- 8h15 on va se mettre en tenue de protection (très sexy)
-
- 9h visite de la fonderie pour comprendre le processus d’extraction de l’argent de la pierre
Le traitement des minerais |
- 10h arrivée à ma mine, juste-à-temps pour assister au sacrifice du premier lama.
Nous sommes à l’une des entrées de la mine,
10 mineurs sont attroupés autour du lama pour le maintenir à terre pendant
qu’ils l’égorgent et le vident de leur sang. Ils remplissent des plats du sang
et arrosent les entrées des mines, puis se font des marques sur le visage.
L'entrée de la mine Rudolph, ne regarde pas !
On y
passe aussi… (au marquage, pas à l'égorgement)
![]() |
"El Tio" |
- 10h30 : on donne les cadeaux aux mineurs et là, ils sortent les bouteilles d’alcool à 96° mélangé à du fanta. Notre guide nous demande de ne pas refuser les verres proposés, ce serait une offense pour les mineurs car ils nous invitent à participer au rite le plus important, "c’est un privilège" comme il dit. A chaque petit verre, il faut verser la moitié sur le corps des lamas en remerciant Pachamama et boire le reste cul-sec (ou 3/4 pour la pachamama au bout du 5ème)
Ah oui, les mineurs vénèrent
également le diable « el tio » car la température et les conditions
de travail rappellent l’image que l’on a de l’enfer. Tous les vendredi,
les mineurs font des offrandes à la statue afin de ne pas être dévorés par la
montagne la semaine suivante.
- 11h on rentre dans la mine, qui est vide. Plus on avance, plus l’espace est réduit et plus la température grimpe. Au bout de 5 minutes il faut utiliser le bandana car l’air n’est plus vraiment respirable (présence de poussière, d’ammoniaque et j’en passe des meilleures).
Arrivé à ce point, Xavier ressort pour
éviter le malaise n’ayant pas supporté le manque d’air, l’augmentation soudaine
de la température et le confinement.. Grosse déception car cette visite lui
tenait très à cœur..
Avec le reste du groupe, on descend de 2 niveaux puis il
faut ramper pour traverser les galeries… Au troisième niveau c’est très dur de
respirer, et on rampe ou on marche très courbés.
On peut « à peine » ressentir ce que vivent les
mineurs au quotidien. Certains font des tours de 48 heures durant lesquels il
est impossible de manger (températures extrêmes du niveau -3 au niveau -8) et
transportent des kilos de minerais, frappent la pierre avec la pioche, poussent
des chariots extrêmement lourds… Pour se couper la faim, ils marchent des
feuilles de coca toute la journée.
En remontant, on voit que les organes des lamas sont exposés (cette photo la on est sympa on va pas la mettre)
et qu’on va continuer à bénir la Pachamama. On continue à boire un peu et à échanger avec certains mineurs et quand ils
parlent de leurs conditions de vie et des amis qu’ils ont perdus, leur regard
est indescriptible.
Dans le genre
histoire qui te fait halluciner, quand notre guide a commencé à 15 ans, son
chef avait 10 ans et avait lui-même commencé à 8 ans, il est mort d’une
silicose il y a quelques années. La
plupart du temps, le minerai vendu leur sert tout juste à nourrir leur famille.
Difficile à croire qu’on est en 2012, Germinal à côté ressemble au club med.
Mais c’est un jour de fête pour eux, alors il faut trinquer !
Nous sommes de retour à l’hôtel vers 15h un peu arrachés et
vraiment bouleversés.
On retrouve Anne Laure et Victor, deux français avec qui
nous avions prévus de faire le tour d’Uyuni puis nous sortons visiter Potosi et
ses dizaines d’églises pour se changer les idées.
Le lendemain, on prend le bus qui nous amène à Tupiza, ville
du départ d’un tour de 4 jours en 4x4 !
PS : pour plus
d’information sur les mines de Potosi, nous vous renvoyons vers le fabuleux
documentaire « the devil’s miner ».
Hé bien!!!!! Le récit était très prenant, quelle vie de m.... ils ont ces pauvres gens, je pense qu'après avoir lu et vu ce récit on a plus le droit de se plaindre!!!! Encore bravo pour tout ce que vous nous faites découvrir.
RépondreSupprimerBizzzzzzzzzz
De rien tata ! On se donne à fond pour vous !!
SupprimerParce que vous les valez bien !
Beau récit l'histoire est un peu triste ! on a l'impression que pour quelques heures vous avez remonté le temps ! Bravo Marion pour avoir fait la visite jusqu'au bout, tu es "le" héros du jour !
RépondreSupprimerLe déguisement de mineur vous va toutefois très bien.
Bisouxxx
c.L
Pour mon premier commentaire, un épisode pas bien gai! le début avec les lacs, cependant, magnifique ! Et bravo à Marion pour être allée dans la mine (moi la claustro, je suis admirative!!!) Bises à vous deux
RépondreSupprimerTata J.
Ca a dû être une expérience marquante!
RépondreSupprimerUn réalisateur de la boîte où j'ai réalisé mon stage avait fait un film dessus: "La mine du diable"
Le film m'avait marqué. La vie est très difficile dans ces mines...
Quelle coïncidence !! Effectivement le film doit être trash... puisqu'il reflète la réalité de ces pauvres gens.
SupprimerBisous !
Coucou les aventuriers!
RépondreSupprimermerci de nous faire partager tout ça!
je découvre votre blog, et ouah, c de la bombe!
je vous embrasse, take care et kiffé a donnnnnffff :)))
ah merde, c moi, Fati, ma ptite Marion, c'était moi l'anonyme du 15 juin à 12h40! mdr
RépondreSupprimerbisous
je reprend seulement la lecture de votre blog! et je dois dire que je suis moi aussi épatée de voir que ma petite Marion a continué sans sa moitié !!!
RépondreSupprimerc'est encore un épisode très intéressant, et je suis contente de pouvoir enfin avoir un moment pour vous lire, même si à l'heure qu'il est vous êtes de retour
bisous